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Ohla ! (7
mai 2002)
Qu'est-ce
qui vous a poussé à enregistrer tout un album alors que,
primitivement, ce n'était pas prévu ?
Il
y a longtemps que l'idée d'enregistrer un album couleur jazzy-cool
existait. En fait, je cherchais surtout une raison pour le
réaliser. Cette raison, cela a été le film de Claude Lelouch pour
lequel j'ai enregistré le générique composé par Michel Legrand.
Mais j'avais une idée bien arrêtée quant à son climat. Je ne
voulais pas faire du piano-bar rien qu'avec un piano et une
contrebasse. Ma référence était Older, l'album de George
Michael. C'est pourquoi j'ai fait appel au producteur qui l'avait
arrangé, ainsi que ceux de Sade, Robin Millar. Il convenait donc
parfaitement à ce que je recherchais.
Quels
ont été vos critères de choix ?
A
travers mes nombreux voyages à l'étranger, je m'étais constitué
un hit-parade mondial de la chanson française. Ce sont toutes ce
chansons que j'avais envie d'interpréter. Je voulais rendre hommage
à ces jeunes qui, comme moi, ont repris ces grands classiques. Les
chansons des autres, je les ai souvent interprétées quand je me
produisais dans des bals ou dans des cabarets.
Pour
laquelle avez-vous éprouvé le plus de difficultés et quelle est
celle que vous avez le plus de plaisir à interpréter ?
Celle
pour laquelle j'avais le plus d'inquiétude était La Mer. Je
n'étais pas sûre de moi quant à la façon de l'aborder. Je
l'avais trop entendue. Finalement, je suis très satisfaite du
résultat... Dès le début, ma préférée a été If You Go
Away, l'adaptation de Ne Me Quitte Pas. Je suis folle de
cette chanson ! Après, j'aime particulièrement Syracuse.
Pourquoi
interprétez-vous la plupart de ces grands standards français en
anglais ?
D'abord
parce que And Now... Ladies & Gentlemen va sortir dans
différents pays. L'anglais s'imposait donc. Mais j'en ai
quand même gardé quelques-unes en français. Dans le film, où je
joue une chanteuse de piano-bar, j'interprète neuf titres de
l'album. Il n'y a que Un Été 42, Yesterday When I Was
Young (Hier Encore), Les Moulins de mon Cœur et Where
Do I Begin (Love Story) que je ne chante pas... En
anglais, j'ai juste eu quelques problèmes de prononciation avec les
"th" ! Mais comme tous ces titres ne sont pas
excessivement rapides, j'ai eu la chance de bien pouvoir poser ma
voix.
Vous
aviez prévu de passer une année entière sans chanter, et vous
voilà avec un nouvel album...
Au
bout de deux mois, je commençais à m'ennuyer ! Je commençais
quasiment à être en manque. Cet album est arrivé à point
nommé. Mais je le considère autrement que tous ceux qui
l'ont précédé. Avec ce concept-là, ce qui m'intéresse, ce ne
sont pas les chiffres de vente, mais l'accueil et les réactions
qu'il va provoquer. Si ça plait, peut-être que dans deux ou trois
ans je ferais tout un album bluesy. En tout cas, Piano Bar m'aura
permis d'aller plus loin, d'aller au bout de mes envies. D'ailleurs,
pour m'effacer derrière cet album, je n'ai pas voulu qu'on voit mon
visage sur le pochette. Il y a juste mon pied qui apparaît. Eh
bien, paradoxalement, ce n'était pas si facile que ça de prendre
la pose !
Va-t-on
vous revoir prochainement sur scène ?
Il
est d'ores et déjà prévu que je donne une série de concerts à
partir du mois d'octobre. Mais uniquement dans des petites salles,
de 400 à 500 places. Je veux que ce soit à l'image de cet album :
intimiste.
Envisagez-vous
déjà de sortir un nouvel album composé de titres inédits ?
Il
y a un mois, j'ai commencé à écouter des chansons que l'on m'a
envoyées. Je retiens les mélodies qui me marquent le plus et je
les mets de côté. Finalement, le plus difficile, ce n'est pas de
choisir les chansons, c'est de trouver la personne qui va les
arranger et réaliser l'album.
La
chanteuse Patricia Kaas a-t-elle encore un rêve ?
Heureusement
! Je rêve par exemple de chanter en duo avec George Michael. Ou
bien qu'il m'écrive des chansons...
Venons-en
maintenant à vos premiers pas de comédienne. Pourquoi avez-vous
accepté la proposition de Claude Lelouch ?
J'avais
eu par le passé quelques petits flirts avec le cinéma. Après un
projet non abouti d'incarner Marlène Dietrich à l'écran, j'avais
éloigné de mes pensées l'éventualité de jouer dans un film. La
proposition de Claude Lelouch m'est tombée dessus à un moment où
je prenais un peu de recul avec ma carrière, après quasiment
quatorze années d'albums et de tournées non stop. Quand il m'a
invitée à passer une audition, j'y suis allée uniquement par
respect pour lui. L'histoire, le rôle me plaisaient, et plus encore
la distribution, Jeremy Irons et Claudia Cardinale en tête.
Présentez-nous
votre personnage...
Jane
est une chanteuse de piano-bar. Elle a connu quelques mésaventures
amoureuses, elle est déçue par la vie. Fragile et forte à la
fois, elle a choisi la solitude. C'est la rencontre avec Valentin,
un gentleman cambrioleur, qui va la faire sortir de sa mélancolie.
Il y a entre-eux une curiosité mutuelle teintée de méfiance.
Qu'est-ce
qui vous ressemble en elle ?
Son
métier, d'abord ! Claude Lelouch nous trouvait une espèce de
ressemblance. En fait, il me considérait comme quelqu'un de timide
et de réservé. Quand on est obligé de se protéger beaucoup et
que, soudain, on sourit, ce sourire prend beaucoup d'importance. Et
Claude voyait ce vécu en moi. Il est vrai que j'ai traversé des
moments difficiles. Dans la vie courante, j'aime beaucoup m'amuser
et rire. Mais ça, peu de personnes le savent. Pour en revenir à
Jane et à ce qui nous réunit, c'est une femme d'aujourd'hui, qui a
mon age. Dans le film, je porte mes propres vêtements. Du coup, je
me suis sentie vraiment très proche d'elle.
Comment
se sont passés vos grands débuts devant une caméra ?
Sans
doute pour me faciliter la tâche, Claude a commencé par quelques
scènes chantées. Pour avoir tourné de nombreux clips, j'avais
l'habitude des caméras. Mais le cinéma n'a rien à voir. Dans les
clips, on est toujours apprêtée, tant dans la façon d'être
maquillée que coiffée et habillée. Au cinéma, il faut se montrer
telle qu'on est. Là, il ne s'agit plus de paraître, mais d'être.
Maintenant, il ne me reste plus qu'à espérer que Claude aura été
satisfait de ma prestation et qu'il ne regrettera pas son choix.

Quelle
ambiance y avait-il sur le plateau ?
Ma
grande angoisse était de me retrouver en face d'un mec comme Jeremy
Irons. C'est tout de même impressionnant pour une néophyte. Il
s'est montré extrêmement gentil et sympathique. J'ai eu la chance
d'être entourée par des gens simples et généreux. Ils m'ont tous
aidée à être moi-même. Par nature, je suis quelqu'un de
perfectionniste et d'exigeant, mais là je ne pouvais l'exprimer,
car c'était à Claude de juger ce qui était bien ou qui ne
l'était pas. Heureusement, il m'a permis de donner beaucoup de moi.
Sincèrement, pendant ce tournage, je me suis sentie aimée.
And
Now... Ladies & Gentlemen sera présenté en clôture au
Festival de Cannes. Quel effet cela vous fait-il ?
Je
ne suis jamais allée au Festival de Cannes. J'estimais que je
n'avais rien à y faire. Cette fois, c'est différent. Ma présence
est rendue légitime par le film. Mon gros souci pour la soirée de
clôture, c'est la robe que je vais porter. Ca me tracasse déjà.
Je commence à regarder les catalogues, les vitrines...
Envisagez-vous
maintenant de continuer une carrière d'actrice ?
Actrice
? Je n'en suis pas encore là ! Tout ce que je sais, c'est que cette
expérience m'a plu et que j'aimerais bien la renouveler. C'est une
question de rôle ; et de temps, aussi. Mais si tous les tournages
se passent comme celui-là, je signe tout de suite ! Ma passion
reste cependant la chanson. En essayant de mener les deux
disciplines de front, j'aurais peur de faire mal les deux.
Pourquoi
avez-vous souhaité ne plus habiter Paris ?
Je
voulais vivre ailleurs. J'ai choisi la Suisse et Zurich pour une
agréable qualité de vie. Je réside au bord du lac ; on peut
facilement se déplacer, il n'y a pas d'embouteillages, pas de
pollution. En plus, je n'y ai pas de repères, et pas d'amis non
plus. Quand je viens à Paris, c'est d'abord pour mes amis, et pour
le shopping ensuite...
Dans
quel état d'esprit vous sentez-vous aujourd'hui ?
Avec
ce changement de vie et ce film, peut-être que j'ai grandi...
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