Après
quinze années d'une carrière exemplaire, la "petite de
Forbach" s'est lancée un nouveau défi : devenir actrice, sous
la caméra experte de Claude Lelouch dans And Now... Ladies &
Gentlemen, un premier film dont elle a aussi enregistré la
bande originale, Piano Bar by Patricia Kaas. Sur cette
aventure inédite pour elle et la direction qu'elle entend donner à
sa nouvelle vie basée à Zurich, elle s'est entretenue avec douceur
et en toute sérénité...
Devenir
actrice, c'est un rêve de petite fille qui se concrétise ?
Pas
exactement, dans le sens où je n'ai jamais été frapper aux portes
pour obtenir un rôle. C'est davantage le fruit du hasard. J'en
avais envie, bien sûr, d'autant que je savais que dans le milieu du
cinéma, on s'intéressait à moi. Je me disais "Pourquoi
pas ?", mais je n'avais pas de projet précis. En revanche,
je réalise aujourd'hui qu'avoir tourné ce film relève du
rêve. Je n'ai pas d'expérience pour pouvoir comparer, mais tout
s'est très bien passé. Je me suis immédiatement sentie aimée :
c'est stimulant pour donner le meilleur de soi. Ca met en confiance,
même si on est conscient qu'il reste plein de choses à apprendre.
Mes partenaires m'ont donnés des tas de conseils professionnels et
Claude Lelouch m'a superbement bien dirigée : il n'essaie pas de
faire jouer un rôle à ses interprètes, mais plutôt de les aider
à aller chercher au fond de soi des émotions insoupçonnées.
Il
est réputé pour sa méthode de travail atypique, laissant une
large part à l'improvisation ou consistant à écrire les dialogues
en dernière minute. Pour une actrice débutante, n'est-ce pas
déstabilisant ?
Dix
jours avant le début du tournage, il m'a remis les dialogues.
J'étais catastrophée, pensant qu'il me faudrait au moins un mois
pour les apprendre. Au bout de quelques jours de tournage, j'ai
été rassurée ayant compris son mode de fonctionnement. Au moment
de tourner les scènes, il ne restait presque plus rien des
dialogues initiaux : il aime mettre ainsi ses acteurs en danger,
pour faire en sorte qu'ils utilisent leurs propres mots, leurs
propres émotions. Certains acteurs préfèrent peut-être que tout
soit écrit à l'avance, mais pour ma part, n'ayant pas de critère
de comparaison, sa méthode m'a plutôt rassurée dans ma crainte
d'oublier mon texte.
N'est-ce
pas frustrant d'incarner une chanteuse , surtout pour un premier
rôle ? Ca n'aide pas beaucoup à faire oublier la Patricia Kaas
qu'on connaît...
Non,
parce que c'est avant tout le rôle de quelqu'un qui gagne sa vie en
faisant du piano-bar, l'histoire d'une femme fatiguée par la vie,
les déceptions amoureuses, et qui rencontre quelqu'un alors qu'elle
a des problèmes de santé. Si l'histoire avait tourné autour de
l'ascension d'une chanteuse devenue star, cela ne m'aurait pas plu.
D'un autre côté, je me suis sentie rassurée par le fait que
l'héroïne chante dans le film : je mettais le pied dans une
aventure avec une petite expérience dans ce domaine.
L'équipe
de tournage s'est-elle montrée un peu méfiante à l'égard de
quelqu'un d'étranger à la famille du cinéma ?
Je
n'ai éprouvé ce sentiment à aucun moment. Je me suis sentie
vraiment bien sur le tournage, y compris avec les acteurs avec
lesquels je n'avais pas de scènes, comme Thierry Lhermitte ou Ticky
Holgado. Peut-être que les conditions de travail au cinéma
permettent de davantage partager que dans le milieu de la musique,
et resserrent les liens. Pourtant, quand je suis en tournée, je
m'applique à passer du temps avec les techniciens, avec les
musiciens... Je ne suis pas du genre à me sauver après le
spectacle. Mais je ressens bien qu'ils me regardent un peu comme la
star qui sort de scène, alors que sur un plateau de cinéma, chacun
est au même niveau : on partage dès le matin ses états d'âme et
ses émotions.
Il
y a quelques temps, il avait été question d'incarner Marlène
Dietrich au cinéma. Pourquoi le projet a-t-il été abandonné ?
A
cause de problèmes financiers. Le réalisateur Stanley Donen est un
monsieur d'un certain age, et moi-même j'étais une jeune nana dont
c'était le premier film : les producteurs américains se sont donc
montrés un peu méfiants, ayant peur de prendre trop de risques. Je
le regrette surtout pour Stanley, parce que c'est quelqu'un que
j'aime beaucoup. C'est du passé, mais l'occasion se représentera
peut-être un jour : j'ai appris à ne jamais dire jamais dans la
vie...
Avais-tu
des modèles d'actrice dans l'adolescence ?
Adolescente,
j'étais davantage portée sur le musique. D'ailleurs, je suis
allée très tard au cinéma, à l'age de dix-neuf ans, pour y voir Grease
avec ma maman. Par la suite, je n'ai pas eu trop le temps.
Aujourd'hui, je me rattrape avec les DVD. Ceci dit, je suis une
grande fan d'Autant en emporte le vent. Je suis gâtée, car
chaque année, autour des fêtes de Noël, on nous le repasse à la
T.V. J'aime aussi beaucoup Michelle Pfeiffer et Harrison Ford.
Comment
expliquer que peu de chanteuses arrivent véritablement à faire
carrière au cinéma ?
Je
ne sais pas. Des tas de facteurs entrent en ligne de jeu : le
talent, le rôle, la chance... En ce qui me concerne en tout cas,
avoir fait un premier film ne me permet pas de me considérer comme
une actrice à part entière.
Aller
au Festival de Cannes pour son premier rôle fait-il monter la
pression qui entoure la sortie du film ?
Je
n'y pense pas trop pour l'instant. J'ai pris l'habitude de vivre les
choses dans l'instant. Dans ma vie, j'ai appréhendé tellement
d'évènements qui ont fini par ne pas se concrétiser, que
j'attends le moment d'y être pour commencer à flipper. Mais je
sais bien que quand je verrais le tapis rouge, je me dirais : Mais
qu'est-ce que tu fais là ? Quoiqu'il en soit, j'en suis très
fière, surtout vis-à-vis de Claude qui m'a fait confiance en me
donnant le premier rôle, alors que je n'avais jamais fait de
cinéma. J'ai eu tellement peur de le décevoir... Le risque était
là. Ca m'attristerait de lire une critique disant que je ne suis
pas bien dans le film, mais ce ne serait pas très grave. Par
contre, je m'en serais voulue de mettre en danger son film par mon
"inexpérience" : c'est avant tout "son" film.
Une
sortie internationale est-elle prévue ?
Oui,
le film sort ici le 29 mai, mais la sortie est différée à octobre
dans de nombreux pays, notamment les États-Unis.
Aimerais-tu
tourner avec d'autres réalisateurs aujourd'hui ?
Je
ne suis pas assez cinéphile pour pouvoir répondre. C'est le hasard
des rencontres, mais surtout le rôle qui sera déterminant.
J'aurais adoré jouer Nikita par exemple, mais pas dans Taxi,
pourtant produit par Luc Besson. C'est pareil dans la musique ou
dans la mode : il y a des créateurs que j'adore, mais dont j'aime
moins la collection d'une année sur l'autre.
Après
la chanson et le cinéma, es-tu tentée par une comédie musicale
qui te permettrait de conjuguer les talents ?
Mon
but dans la vie n'est pas forcément d'essayer toutes les
expériences artistiques. On verra bien si l'occasion se présente.
Il faut trouver du temps : ma passion est avant tout la musique, qui
tient énormément de place dans ma vie, et je sais aussi que je ne
peux pas faire deux choses à la fois. J'ai besoin de pouvoir me
donner à fond dans ce que je fais, alors il faut trouver le bon
moment. Ceci dit, j'ai mis quinze ans avant de faire du cinéma, et
si j'attends encore quinze avant de jouer dans une comédie
musicale, on risque de me juger trop vieille. En fait, tout
dépendra du rôle : j'ai lu qu'une comédie musicale se montait
autour d'Autant en emporte le vent, mais je ne crois pas
avoir le physique d'une Scarlett O'Hara...
Sortir
le disque Piano Bar en même temps que le film, n'est-ce pas
prendre le risque de brouiller les pistes ?
C'était
convenu dès le début, car c'est aussi un disque musical. C'est
d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Claude m'a fait passer
cette audition : il cherchait une chanteuse qui soit aussi capable
de jouer la comédie. Il se trouve que, de mon côté, j'avais
toujours rêvé de reprendre les grandes chansons françaises.
J'attendais simplement d'en trouver l'opportunité. Elle s'est
présentée avec le film, dont cet album-concept est devenu la
musique. Claude avait une idée précise des chansons, chacune
étant adaptée à une situation. Elles sont chantées en anglais,
parce que quand on voyage un peu de par le monde, on réalise que
dans les piano-bars, c'est ainsi que les standards français y sont
chantés. Il fallait que ce soit réaliste...
Quelques
titres sont toutefois chantés en français. Comment s'est faite la
répartition ?
C'est
très simple : toutes les chansons existaient en anglais, à
l'exception de Syracuse et d'Un homme et une femme qui
n'ont pas été adaptées pour l'occasion. Quant à La mer et
Les moulins de mon cœur, je les ai conservées en français
parce que je n'aimais pas trop leur adaptation en anglais.
Et
le choix de Robin Millar à la réalisation ?
J'avais
déjà travaillé avec lui sur l'album Je te dis vous. A
partir du moment où on a parlé d'un album piano-bar, le choix de
Robin Millar s'est imposé : si je devais faire du piano-bar
aujourd'hui, ce serait dans l'ambiance des premiers albums de Sade,
qu'il a réalisés. Claude m'a fait confiance dans mon choix.
On
ressent nettement un souci de modernité sur un album qui aurait pu
être très "classique" dans sa production...
Le
but n'était pas d'être traditionnel ou branché, mais de jouer sur
la subtilité. Il fallait créer une ambiance, une unité, une
douceur.. Il n'était pas question de donner de la voix, ou
d'essayer d'apporter sa propre touche à des chansons qui ont déjà
été si bien chantées par leur interprète d'origine. Chanter en
piano-bar est un exercice difficile, parce qu'il ne faut pas heurter
les gens qui ne sont pas là uniquement pour la musique.. En studio,
je me suis retrouvée naturellement à chanter de façon retenue,
parce que les mélodies sont tellement connues, que je me suis
surprise moi-même à les fredonner. Les arrangements ont aussi
beaucoup contribué à me faire chanter de cette façon qui s'est
imposée naturellement. Je me suis sentie extrêmement libre et à
l'aise dans mon interprétation, au point d'improviser sur La mer,
ce que je ne fais jamais. Chanter, de temps en temps, une phrase en
français n'était pas du tout prévu au début non plus.

Sortir
un disque de Patricia Kaas illustré par la photo d'un pied, c'est
un choix commercial risqué...
J'y
tenais beaucoup. Pour la promotion du film, Jeremy Irons et
moi-même avions fait une séance de photo avec André Rau au Maroc.
J'en avais profité pour y faire la pochette de mon best of.
Je demande toujours aux photographes de prendre des images de
détails, de matières. J'ai donc demandé à André de
photographier des parties de mon corps, parce qu'on a toujours
besoin de photos pour le livret intérieur. Quand j'ai annoncé que
je voulais que la pochette soit cette photo de mon pied, tout le
monde a été réticent. Mais j'ai insisté, parce que cette image,
avec ses couleurs, bleu et ocre, représentait bien la sensualité
qui émane de cet album-concept. Je me suis battue jusqu'au bout
parce que je voulais aussi que le disque sorte en digipack, que le
photo soit mate et que de surcroît, la rose rouge soit brillante.
De même, je n'ai pas voulu qu'un single soit extrait et envoyé aux
médias, mais que l'album tout entier soit envoyé, même si ma
chanson préférée - que je chanterai sans doute en télé - est If
you go away (Ne me quitte pas). De façon générale, je
n'aime pas les choix évidents : je préfère toujours sortir des
sentiers battus.
Sur
Le mot de passe, tu chantais déjà de façon plus
intériorisée. As-tu le sentiment que cet album avec Obispo a
marqué une transition dans ta carrière, que la composition de ton
public a évolué depuis ?
Je
ne sais pas. Mon public évolue certainement. Les gens réagissent
à telle ou telle chanson en fonction de leur sensibilité, mais je
pense être restée avant tout une chanteuse populaire qui touche un
public assez large, que je chante du Goldman ou du Obispo.
Réfléchis-tu
déjà à un prochain album ?
Oui,
je commence à écouter des chansons. Mais c'est difficile de porter
un jugement sur une musique qu'on ne connaît pas. Je choisis avant
tout les mélodies, un texte pouvant toujours être changé, si on
ne l'aime pas. J'accorderais aussi beaucoup d'importance au
réalisateur : je tiens toujours à ce qu'il y ait une unité sur un
album. J'ai conscience aujourd'hui qu'il faut avant tout faire des
choix pour soi, sans se demander si la chanson a le bon format pour
passer en radio par exemple. Je serai peut-être amenée à faire un
choix extrême, mais il sera important pour que je me sente bien.
Quand j'ai sorti Dans ma chair, j'avais conscience que de
faire des photos très "mode" pouvait être un danger en
terme d'image pour ma carrière, mais c'était important pour moi de
le faire : cela m'a aidé à remettre les choses en place dans ma
tête. D'ailleurs, j'ai ressenti cette évolution quand je suis
montée sur scène ensuite : je me suis sentie nettement plus libre.
On
te sent effectivement plus attentive à ton image depuis cet
album...
Au
contraire, curieusement je suis moins attentive à mon image. Je me
cherche moins et je me ressemble davantage. Je ne suis plus à
l'affût de la dernière mode dans les magazines. Je me fie
davantage à mon instinct et à mes goûts.
Quel
effet cela fait-il de sortir une première compilation (Rien ne
s'arrête) ?
J'ai
toujours repoussé la sortie d'un best of, dont je n'aime pas trop
le principe, qui laisse entendre que c'est le meilleur de mon
répertoire, alors que personnellement, je considère que le
meilleur d'un artiste n'est pas forcément le plus connu. Et comme
je n'aime pas non plus les best of, dont on ne connaît que trois ou
quatre chansons, j'ai attendu très longtemps avant de donner mon
feu vert. J'ai mis les chansons dans l'ordre chronologique, à
l'exception de Mademoiselle... que je ne pouvais pas sortir
dans sa version studio pour des raisons contractuelles, et qui ne
pouvait pas non plus ouvrir l'album dans sa version live. De
cette façon, je voulais qu'on ressente mon évolution. En fait,
sortir ce disque, c'est comme feuilleter un album photos. C'est
toujours difficile pour moi d'écouter mes anciens albums, non pas
que je ne les aime pas, mais parce que je chante les chansons
différemment aujourd'hui, avec des arrangements autres. Ceci dit,
quand j'ai écouté ce best of, je dois reconnaître que j'ai
éprouvé une certaine fierté d'avoir fait tout ce chemin.
J'espère que dans quinze ans, on pourra recommencer et que je
serais toujours aussi fière.
La
mode actuelle est aux duos. Tu en as rarement enregistré sur tes
albums. Serais-tu solitaire dans ce métier ?
Je
n'en ai fait qu'un, par hasard, avec James Taylor sur Dans ma
chair. Je n'aime pas que les choses se fassent pour des raisons
commerciales. La question s'est posée pour Le mot de passe.
Pascal Obispo avait envie qu'on enregistre un duo, mais j'étais
plus réservée. Cela aurait été trop évident puisqu'il
réalisait l'album. Cette position n'a aucun rapport avec l'amitié
que je peux avoir pour tel ou tel chanteur. C'est vrai aussi que si
demain, George Michael voulait chanter avec moi, je ne me ferais pas
prier. Ceci dit, j'ai chanté beaucoup de duos en télé, pour des
shows ou pour les Enfoirés.
Alterner
albums studio et album live pourrait justement paraître un choix
discographique calculé et systématique...
J'aime
avant tout la scène. C'est pour cela que je fais de longues
tournées. J'aime aussi être en studio, mais s'il n'y avait que
ça, ce métier ne m'exciterait pas. Les albums live me permettent
de donner une nouvelle vie à mes chansons, de proposer des
arrangements plus intéressants. J'adore Francis Cabrel par exemple,
mais il faut reconnaître que les arrangements de ses chansons sur
scène et en studio diffèrent peu. Je comprend qu'il soit moins
tenté que moi de sortir des live de ses tournées. Ceci dit, je ne
cache pas que je suis parfois opposée à la sortie d'un live, mais
qu'en dernière minute, j'ai cédé en me disant que ce serait
dommage de ne pas garder une trace des ces moments importants de ma
vie. D'autant que quand on est artiste, on ne se voit pas sur
scène. On ne sait pas quelle réaction on peut provoquer dans le
public.
Tu
t'es souvent produite au Zénith ou à l'Olympia. Regrettes-tu
d'avoir fait Bercy lors de la tournée qui a suivi Dans ma
chair ?
Ce
n'est sûrement pas une salle pour moi, mais plus adaptée à des
artistes de rock ou à d'énormes shows, tels ceux de Madonna ou de
Mylène Farmer. Pour ma part, je préfère les endroits plus
intimes. Toujours est-il que j'avais envie de vivre ça au moins une
fois dans ma carrière, de voir tout ce monde avec des petits
briquets allumés dans le noir. Peut-être aussi n'était-ce pas le
show le plus évident à porter sur cette scène... Il y avait trop
d'ambiances différentes. Le suivant, Ce sera nous, avec son
décor unique rapporté du Maroc, aurait été plus adapté. Il s'en
dégageait plus d'énergie... Mais je ne regrette pas ce choix, car
je garde un bon souvenir de ce show.

Juste
avant le tournage du film avec Lelouch, tu avais annoncé de prendre
une année sabbatique. Tu ne tiens donc jamais tes promesses ?
Non
! Quand j'ai annoncé à mes amis que j'avais envie de me reposer un
peu, ils se sont foutus de moi en me disant que je ne tiendrais pas
deux mois. Effectivement, ce fut le cas. Le hasard a aussi voulu que
le film me soit proposé à ce moment-là. En fait, ce n'est pas
tant le sentiment de ne rien faire qui m'a gênée, mais celui de me
sentir inutile, de me dire que rien ne se créait... Au début
j'avais plein de projets comme celui de faire du sport, ou
d'apprendre la guitare. Mais tous les matins, je les remettais au
lendemain, par manque de motivation, alors que quand je dois
préparer une tournée, je trouve le temps de faire du sport deux
mois avant, parce que je sais que je vais avoir besoin d'être en
forme. habituellement, à la fin d'une tournée, je me repose
physiquement, mais mon cerveau continue de travailler, de
réfléchir à de nouvelles chansons, etc. Là, tout était au
niveau zéro... C'était très dur à supporter.
Envisages-tu
quand même de te consacrer un jour à la vie de famille ?
Je
ne sais plus comment le dire parce que mes propos sur le sujet sont
souvent déformés. Je voudrais connaître un jour le plaisir
d'être maman. Ca ne veut pas dire que je vais commencer à en
chercher le père à partir de demain ! Cette envie me travaille
bien sûr plus souvent aujourd'hui que quand j'avais vingt ans. J'en
ai trente-cinq et j'ai conscience que le temps passe plus vite qu'on
ne l'imagine, mais je ne suis pas plus angoissée que cela sur le
sujet.
Prendre
de l'age, quand on est comme toi très exposée, est-il plus
difficile à vivre ?
Je
ne pense pas. Au contraire, je me sens mieux dans ma peau
aujourd'hui. J'ai l'expérience de la vie et je me connais beaucoup
mieux. Mes priorités sont différentes. La vie passe très vite. A
vingt ans, j'étais prête à consacrer une ou deux années de ma
vie pour aller aux États-Unis. Je ne le ferais plus à présent.
Bien sûr, j'ai conscience que mon visage se marque plus rapidement,
que ma peau change... Mais une petite ride peut rendre un visage
moins lisse, plus intéressant. Pour l'instant, ça ne me préoccupe
pas vraiment.
Pourquoi
avoir choisi d'aller vivre à Zurich ?
Quand
j'ai décidé de prendre une année de repos, j'ai aussi choisi de
m'éloigner géographiquement de Paris. J'avais besoin de tourner
une page, de souffler un peu, d'autant que je sortais d'une histoire
d'amour. Or, j'avais déjà donné un concert à Zurich et
l'ambiance franco-allemande de cette ville m'a plu. Vivre là-bas me
rapproche de ma famille et j'aime beaucoup la qualité de vie qui y
règne : le lac, la montagne... Ca m'a fait un énorme bien, même
si je reconnais que les six premiers mois n'ont pas été faciles.
Je ne connaissais personne, je n'avais aucun repère...
Tu
aurais pu choisir de t'éloigner davantage, car tu n'y es pas plus
anonyme qu'à Paris...
On
me reconnaît bien sûr, mais on ne m'observe pas en permanence.
Peut-être est-ce lié à la mentalité des gens ? Au restaurant par
exemple, on va te saluer, mais sans te regarder pendant tout le
repas. Ce n'est pas un reproche que je fais aux français, mais ce
n'est pas évident à vivre. Par contre, j'aurais eu peur d'aller
vivre dans un pays où on ne me reconnaît pas du tout. Ca m'aurait
manqué, parce que la célébrité fait aujourd'hui partie de ma vie
et ne me dérange pas. Je me rends compte aussi que je connais
davantage Paris aujourd'hui. Avant, j'habitais dans mon appart' à
Paris. Maintenant, je sors davantage pour découvrir de
nouveaux endroits dont j'ai entendu parler. J'en profite aussi pour
voir mes amis parce que je sais que je ne suis là que quelques
jours.
Tu
as souvent déclaré ces derniers temps que tu faisais peur aux
hommes. Ca mérite des explications...
Je
pense qu'une femme indépendante peut faire peur aux hommes, surtout
quand elle est célèbre. Par exemple, la première fois que j'ai
rencontré Jean-Marie Bigard sur le tournage du film, il prenait
toujours des pincettes pour m'aborder, ayant toujours peur de me
déranger... J'ai du le mettre à l'aise en lui disant que pour
commencer, il devait me tutoyer. Il m'a répondu : "Avec une
femme comme vous, on n'ose pas..." C'était mignon comme
tout !
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