La
princesse de la chanson française vient de réaliser le rêve de
toutes les comédiennes : la montée des marches du Festival de
Cannes. Elle est, avec Jeremy Irons, la vedette du dernier film de
Claude Lelouch. Un vrai conte de fées, dont elle a réservé le
récit et le photos à Télé 7 Jours, qui lui avait confié
un appareil.
Deux
hommes et une femme gravissent les marches
de Cannes pour l'ultime séquence du film qui, le 26
mai, clôture la 55e édition du Festival. C'est la scène
attendue de la consécration, ovationnée par le public,
réservée aux stars. Pour elle, éblouissante et éblouie,
c'est la première fois. Patricia Kaas, entourée de
Jeremy Irons, son partenaire, et de Claude Lelouch,
son metteur en scène, entre dans la légende de
Cannes. And now… Ladies & gentlemen
- comme le veut le titre du film -, voici la chanteuse
de blues dont le rêve le plus improbable se réalise
sous vos yeux : fouler le tapis rouge du plus célèbre
décor du cinéma. De ce conte de fées, l'actrice nouvelle
ne veut rien
perdre. Alors elle brandit l'appareil que lui a donné
Télé 7 Jours, tourne sur elle-même,
photographie les photographes. L'innocence ne
s'improvise pas. Et c'est une petite fille fascinée qui,
dans un élan touchant de naïveté, sous les faisceaux
des projecteurs, devant des journalistes du monde
entier, fait provision d'images. Pour elle, pour ses six
frères et sœurs dont elle est désormais, depuis la
disparition de leurs parents, l'étoile du Berger. La
tribu n'est pas venue à Cannes. De la maison
familiale de Forbach, dans le nord-est de la France,
cela faisait loin. Si la Croisette était à Paris, à la
rigueur, ils se seraient déplacés ! Ils auraient vu
comme, la veille de la soirée de clôture, leur sœur
s'offrait avec la plus grande simplicité à la curiosité
des fans. Alors que la foule se pressait sur la
promenade mythique, la voix d'une jeune fille a
couvert le brouhaha. "Patricia !".
"Mademoiselle"
s'est alors adressée à Jeremy Irons qui
l'accompagnait: "Viens, Jeremy, on va leur dire
bonjour !" Ce soir-là, après avoir joué avec les
Marilyn pour notre photographe avec un bel
enthousiasme, elle s'est couchée tôt. "Je me réserve
pour demain. Après la projection du film, je ferai la
fête toute la nuit !" Et le lendemain, dans la
limousine
qui la conduisait au Palais, Patricia s'en est remise au
ciel : "Je suis sûre que, de là-haut, maman
m'adresse
des petits signes d'encouragement. J'aurais tant aimé
qu'elle voie ça."
Comme
à ses débuts, en 1979, dans un cabaret de
Sarrebruck, c’est la musique et les chansons d’amour
qui l’ont conduite jusqu’ici. "Lorsque Claude
Lelouch m’a contactée, je n’y croyais pas. Je suis
allée au rendez-vous par respect pour lui et non pas
dans l’espoir de décrocher le rôle, avoue-t-elle. Nous
avons passé les essais et d’ailleurs j’ai trouvé ce
moment très difficile. Et puis il m’a rappelée pour
me dire : "Jane, c’est toi". De mon côté,
j’ai demandé
trois jours de réflexion." La "Demoiselle qui
chante
le blues" ne soupçonne pas alors que le destin du
film se trouve étroitement lié au sien. Sous
l’impulsion de And now…, elle a réalisé un
projet qu’elle caressait depuis longtemps. Un nouvel
album est né, Piano bar (Columbia/Sony
Music) avec la chanson éponyme écrite par Michel
Legrand pour la musique, Paul Ives et Boris
Bergman pour les paroles, et une série de grands
standards de la chanson française, de Charles Trenet
à Gilbert Bécaud en passant par une version glamour
de Mon homme.
"Je ne pouvais me
permettre de reprendre Ne
me quitte pas
après son créateur, Jacques Brel. Alors je la chante
en anglais. J’ai essayé de recréer une atmosphère très
tranquille, à la manière des premiers albums de
Sade."

L'équipe
du film au Festival de Cannes. De
gauche à droite : Ticky Holgado, Sylvie Loeillet, Thierry Lhermitte, Alessandra Martines, Claude Lelouch,
Patricia Kaas, Jeremy Irons et Patrick Braoudé.
Mais
face à une équipe de cinéma, la jeune ambassadrice s'est sentie
toute petite. Ses quatorze millions d'albums vendus et les quelques
six cents concerts qui lui ont permis de traverser les cinq
continents n'y changeaient rien. Claude Lelouch saura apaiser ses
doutes de comédienne débutante. En effet, pour lui, Patricia Kaas
devient sa muse comme, en d'autres temps, le musique d'Un Homme
et Une Femme a porté son film. Du tournage, dans les décors
magiques d'Essaouira à Fès, au Maroc, de son rôle de chanteuse de
piano-bar victime d'amnésie, amoureuse d'un mystérieux gentleman
cambrioleur joué avec brio par Jeremy Irons, elle ne garde que des
souvenirs intenses et heureux. "Nous partageons avec Jeremy
une grande complicité. J'ai trouvé une nouvelle famille."
Après
cette expérience, Patricia Kaas serait-elle atteinte du virus ?
"J'ai gagné en assurance, dit-elle. Grâce à
Claude, je me sens plus libre. Je ne voulais surtout pas surjouer,
comme parfois au théâtre. Je me suis laissée aller. J'avais
totalement confiance. D'ailleurs, je n'ai jamais voulu regarder les
rushes. Ca fait tellement peur de se voir. Je suis trop
perfectionniste."

La
tradition marocaine dit qu'un pèlerinage, à midi, sur le tombeau
d'une guérisseuse, Lalla Chaffia, situé au sommet d'une colline,
peut soulager les souffrances et, pourquoi pas, guérir les troubles
de mémoire dont l'héroïne est victime. "J'ai voulu
descendre en courant puis remonter sans m'arrêter. Arrivée au
sommet, je m'étouffais de mon propre souffle. J'étais toute bleue
mais j'ai tenu bon. Avec Claude, on ne triche pas. Le plus important
pour moi, c'était de ne pas le décevoir." Mission
accomplie, et rêve comblé, même si elle regrette toujours de
n'avoir pas rencontré George Clooney ! Patricia est maintenant
invitée dans un autre palais, celui d'un prince saoudien, qui veut
offrir à quelques centaines d'invités la voix envoûtante de la
petite Française...
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